Ils étaient donc une vingtaine, cette nuit, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, à s’intéresser au débat, suivi d’un vote, sur le prêt à la Grèce.
Seulement 20 sur 577 ! Probablement parce que les 557 autres pensaient qu’il s’agissait d’un "petit sujet" et que, de toute façon, ce que disent les députés importe peu….
"Petit sujet", il est vrai, que l’avenir d’un pays ami, membre de l’Union Européenne, étranglé par la spéculation internationale, à la suite de la gestion calamiteuse d’un gouvernement de droite….
"Petit sujet" que de savoir comment va réagir le peuple grec, à qui l’on administre une cure d’amaigrissement sans précédent ….
"Petit sujet" que de s’interroger sur l’attitude de l’Europe devant pareil drame….
Depuis des années, je ne cesse de dénoncer ce désintérêt du Parlement, censé être « la voix de la France » à l’égard de questions sérieuses.
Ainsi, le 15 janvier 2009, je m’indignais de voir que plus de 500 députés avaient « séché » le débat sur l’intervention israélienne à Gaza (lire) , alors que l’opinion du monde entier et les médias s’inquiétaient de la montée des passions à la suite de ces affrontements sanglants.
Il y a 10 ans, j’avais déjà analysé* les raisons et les conséquences de ce fonctionnement désastreux de nos institutions et j’avais formulé des propositions pour y remédier. La plupart d'entre elles sont encore malheureusement d’actualité.
La plus évidente de ces mesures consiste à mettre fin à ce que le constitutionnaliste Guy Carcassonne appelle, dans un excellent article (lire), une « plaie » et une « absurde exception française »: le cumul des mandats.
J’ai, à de multiples reprises regretté les mauvais arguments qu’utilisent trop de parlementaires et de responsables des partis politiques pour refuser cette mesure de salubrité démocratique. Tant qu’elle ne sera pas adoptée, le Parlement restera une chambre d’enregistrement ou un théâtre d’ombres et nos concitoyens se détourneront un peu plus de la vie politique et de ceux qui l’animent. Certains peuvent s’en satisfaire. Pas moi.
* Dans un livre écrit avec Ivan Levaï : « Les 577, des députés, pour quoi faire ? »