Ce que François Mitterrand nous laisse

Après être revenu en détail sur ce qui s'est passé "il y a 40 ans", il est utile d'examiner le bilan de François Mitterrand deux septennats plus tard.

Tous les grands hommes de notre histoire ont été critiqués. Leur bilan est généralement contrasté mais, pour l'apprécier sereinement au delà du dénigrement ou parfois de la haine, il faut du recul.

Quel que soit le jugement de l'Histoire, je suis certain qu'il restera à travers l'action de François Mitterrand un double message :

• la volonté :

 - celle de construire l'Europe sans détruire la France (« l'Europe est notre avenir, la France reste notre patrie ». Grand Européen, François Mitterrand a su maintenir un dialogue équilibré, parfois rude, avec l'Allemagne. Il a associé les Français aux grands choix (notre pays a été le seul parmi les pays fondateurs de l'Europe où le peuple a voté pour approuver le traité de Maastricht). Il a mis la France au meilleur niveau européen pour les libertés (abolition de la peine de mort, des tribunaux d'exception, fin de la tutelle sur les médias…)

- celle de moderniser la France. Modernisation économique appuyée sur des secteurs publics forts, mais aussi modernisation de la démocratie (décentralisation, démocratie municipale, plus grande égalité hommes-femmes dans le travail, développement d'une culture vivante et proche des gens…)

- celle de rechercher la justice sociale, même si la crise et certains manques d'audace n'ont pas toujours permis de concrétiser cette volonté : soutien à l'école laïque et républicaine, creuset de la cohésion sociale, mise en place du RMI ; création de l'impôt sur la fortune.

• la méthode

- des objectifs clairement définis,

- une stratégie politique (la reconstruction du Parti Socialiste, l'Union de la gauche)

- un souci permanent : rassembler (la gauche, les Français, la jeunesse, les forces de la création…)

François Mitterrand est le seul homme politique français à avoir été élu deux fois de suite président de la République. Il a "cohabité" à deux reprises avec un gouvernement qui ne lui était pas favorable, montrant en cette circonstance sa capacité à faire passer l'intérêt de la France avant les intérêts partisans.

Cela explique probablement le nombre et la qualité des hommages qui lui ont été rendus en France à gauche comme à droite et à l'étranger, où les réactions ont été bien au delà des hommages conventionnels : Nelson Mandela (« il était comme un frère »), Helmut Kohl, Mikhaïl Gorbatchev, Mario Soares, Shimon Pérès (« le plus grand leader du 20ème siècle »), Tony Blair (« il a influencé la gauche dans le monde entier »)