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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Pourquoi il est important d'interpeller le futur président de la République

Publié le 24 Janvier 2017 par Paul Quilès in Désarmement nucléaire

Pourquoi il est important d'interpeller le futur président de la République

     Le 7 mai 2017, la France aura un nouveau président.  La presse ne manquera pas d’écrire sur le fameux moment où les codes nucléaires seront échangés entre le président sortant et le nouvel arrivant.

 

     Ce président va disposer d’un arsenal nucléaire de 300 armes, dont une petite centaine sont déployées de manière permanente à bord d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins, une dizaine d’armes étant par ailleurs disponibles immédiatement au sein de la Force aérienne stratégique et éventuellement à bord du porte-avions Charles de Gaulle, si celui-ci est opérationnel…

 

     Une des raisons fortes qui poussa le Général de Gaulle à organiser un référendum (le 28 octobre 1962) pour faire adopter l’élection présidentielle au suffrage universel direct, fut qu’il souhaitait  donner au Président la légitimité pour « appuyer sur le bouton nucléaire ». Pierre Messmer justifia ainsi ce modèle électoral : « le chef de l’Etat a seul l’emploi de la force nucléaire stratégique. La conséquence dans un régime démocratique est que le chef de l’Etat doit être l’élu de toute la Nation, qu’il peut plonger dans de terribles épreuves ».

 

     Pour disposer de cette force, il doit donc avoir le consentement d’une majorité de la population, qui lui confère ce droit de vie ou de mort. On affirma même alors qu’on était passé d’une monarchie symbolisée par le sacre du roi à Reims, à une monarchie nucléaire symbolisée par la transmission des codes de lancement, au moment de la prise de fonction du nouveau président.

 

    La doctrine officielle (« le Président est le seul à donner l’ordre ultime ») trouve son fondement dans des textes juridiques :

  • Le décret 64-46 du 14 janvier 1964, « relatif aux forces aériennes stratégiques » fixe la compétence du chef de l’Etat de donner l’ordre d’engagement des forces nucléaires ;
  • il fut remplacé par le décret 96-520 du 12 juin 1996 « portant détermination des responsabilités concernant les forces nucléaires ». Ce décret donne une place centrale au président de la République qui s’inscrit dans une chaîne hiérarchique.

 

     Les premières annonces des futurs candidats sur la dissuasion ne reposent sur aucune réflexion, mais sur un discours classique, daté et déconnecté des obligations de désarmement nucléaire, de la réalité stratégique, des besoins de nos militaires.

 

     Il est donc temps d’interpeller sur l’arme nucléaire  les candidats au poste le plus important de notre Etat. Reprenant l'expression d'un journaliste, voici un petit questionnaire pour un « entretien d'embauche pour un poste de président ».

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