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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Quand finira la pandémie ?

Publié le 25 Janvier 2021 par Paul Quilès in International

Quand finira la pandémie ?

Nul ne sait aujourd’hui répondre à cette question, bien entendu, mais ce constat n’interdit pas de réfléchir à l’état sanitaire de la planète, notamment en Afrique.

C’est ce que fait mon ami Jean-José Colomès dans ce texte très intéressant.

 

****

    « S'agissant du vaccin contre le Covid-19, le Président de la République a utilisé l'expression pour dire combien il devait être justement partagé au niveau planétaire. Ceci dans un souci de justice mais également dans l'intérêt de tout un chacun : la pandémie sera vaincue lorsque l'immunité sera collective et globale, que l'on pourra voyager sans risque un peu partout dans le monde, lorsque nous pourrons occuper l'espace public sans masque.

 

     Nous en sommes loin, très loin.

 

    Des laboratoires qui esquivent leurs engagements en prétendant que les contrats signés visaient à pouvoir extraire six doses et non cinq par flacon et qu'en conséquence, leurs livraisons seront revues à la baisse d'autant. D'autres qui sous le prétexte de travaux d'agrandissement font savoir qu'ils ne pourront pendant plusieurs semaines livrer les quantités prévues. Quant au vaccin AstraZeneca qui pourrait recevoir le feu vert dès le 29 janvier et qui présente l'avantage de se conserver à une température entre 2 et 8°, le laboratoire faisait savoir vendredi, « qu'en raison d'une baisse de rendements » sur un site de production, les premières livraisons seraient moins importantes que prévu.

 

    Tout cela a pour conséquence qu'en Europe, les différents États sont dès à présent confrontés à un manque cruel de vaccins. Dès lors, que vaut la promesse du ministre de la santé lorsqu'il déclare que chez nous, « tous les français » seront vaccinés à la fin août ?

     

     Ce 24 janvier correspond à la date anniversaire de l'identification de la présence sur le sol français du Sars-CoV-2 . Un an après, à la suite de l 'apparition depuis quelques semaines des variants anglais, sud-africains et brésiliens, la menace d'un troisième confinement n'a jamais été aussi forte alors que la lassitude pour ne pas parler de déprime s'est emparée de nombre d'entre nous. Et de guetter l'annonce d'une intervention du Président qui viendrait en préciser les conditions.

 

     Alors que certains parlent d'un risque d'explosion dans une population en proie au doute et à la désespérance, un regard sur le continent africain devrait nous amener à plus de mesure, de la même façon que la mise au point de différents vaccins dans l'année qui a suivi l'apparition du virus, devrait nous aider à renouer avec un certain optimisme.

   

     Le 29 janvier on célèbrera la journée mondiale des lépreux. Cette maladie remonte à la nuit des temps et est apparue en Europe dans les premiers siècles de l'ère chrétienne. On dépiste chaque année plus de 200 000 nouveaux cas essentiellement dans les pays les plus pauvres en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. Songeons que si aujourd'hui on a appris à soigner et à guérir de la lèpre, aucun vaccin n'a pu être mis au point de manière à protéger contre cette maladie les populations à risques !

 

    Il en est de même en ce qui concerne le sida. Les biologistes moléculaires sont formels, si la maladie a été identifiée en Europe au début des années 1980, elle serait apparue en Afrique Centrale au début du XXème siècle. Or, si l'on a appris à soigner les malades atteints du virus, aucun vaccin n'a à ce jour été mis au point. Voici un an, quel scientifique aurait parié que le 24 janvier 2021, en France, un million de personnes auraient reçu la vaccination contre le Sars-CoV2 ?

 

    Jusqu'à ce jour, le continent africain a été relativement épargné par le Covid-19 si l'on met à part la situation au Nigéria et en Afrique du Sud. Le nombre de contaminations sur ce continent n'a rien de comparable avec celles enregistrées en Europe de l'Ouest, aux Etats-Unis ou au Brésil. Les raisons seraient pour l'essentiel à trouver dans la jeunesse de la population ainsi que dans une expérience acquise dans la gestion d'autres pandémies (Ébola, tuberculose, sida) donc, dans une plus grande réactivité.

 

    Avec l'arrivée d'une deuxième vague résultant notamment de la variante sud-africaine du virus qui faciliterait fortement sa propagation, le risque d'une catastrophe sanitaire est bien présent s'agissant de pays aux systèmes de santé les plus fragiles et les plus pauvres au monde.

 

    Les États africains se retrouvent face à un enjeu majeur : devoir dans les prochaines semaines tenter de contenir une vague de contaminations avec des structures hospitalières et des services de réanimation fragiles et sous-dotés en moyens humains, en lits et en équipements. Or, alors que la seule solution réside dans l'organisation des campagnes de vaccination massive, l'Afrique est le seul continent qui, faute de vaccins, n'a pu à ce jour en faire bénéficier ses populations alors que la perspective d'obtenir les précieuses doses mises à disposition sur les marchés américains et européens, s'éloigne de plus en plus.

 

    C'est dans ce contexte que la présidence de l'Union Africaine a annoncé le 13 janvier que des contrats pour l'acquisition de 270 millions de doses ont été signés avec trois laboratoires. Sur cette commande, cinquante millions de doses pourraient être livrées entre avril et juin prochain.

 

    Cette information rassurera-t-elle les populations au moment où la deuxième vague touche une majorité de pays africains ? Le seuil de 3 millions de cas a été franchi avec 75 000 décès essentiellement en Afrique du Sud et au Maghreb alors que dans 20 pays du continent la mortalité liée au virus progresse à une vitesse supérieure à la moyenne mondiale.

 

     Les 270 millions de doses annoncées doivent être mises en regard des 1,3 milliard d'habitants que comptait le continent africain en 2019. Alors même que le Canada a acheté de quoi vacciner 5 fois sa population, les États-Unis 4 fois et l'Union Européenne 3 fois...

 

    Certains pays comme le Maroc, l'Afrique du Sud, l'Égypte, l'Algérie ont pu négocier directement avec les différents laboratoires la livraison de doses. Il n'empêche que l'apparition d'une souche mutante à la contagiosité plus élevée sur le continent africain expose non seulement les populations locales mais, si la situation n'était pas maitrisée, compromettrait gravement l'état sanitaire au niveau planétaire.

 

    Le chef de l'État sud-africain Cyril Ramaphosa dont le pays assure actuellement la présidence de l'Union Africaine a annoncé les débuts de la campagne de vaccination dans son pays pour la fin du mois de janvier en indiquant que ce sera « l'entreprise logistique la plus vaste et la plus complexe de l'histoire du pays ». Ce pays qui dépasse depuis le début de l'année, les 20 000 infections quotidiennes. 

 

    Vouloir que les vaccins permettant de vaincre la pandémie qui nous atteint constituent « un bien commun », c'est créer les conditions pour que chaque pays ait accès aux doses en fonction des besoins et de l'importance de sa population ; c'est aligner les prix des doses sur les possibilités contributives de chacun des États ; c'est veiller à ce que certains pays ne soient pas contraints de se jeter dans les bras des Russes et des Chinois, au motif que les vaccins « occidentaux » ne seraient ni accessibles ni disponibles.

 

    Est-ce bien la voie dans laquelle le monde est aujourd'hui engagé ? »

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