Merci aux médias suisses de donner à nouveau la parole à notre ami Marc Finaud, membre du bureau d’IDN, chargé des questions de prolifération et de désarmement au Geneva Center for Security Policy (GCSP).
Ce texte, publié dans swissinfo.ch (lire le texte), montre à quel point l’argent, si nécessaire aujourd’hui pour financer la santé publique, est gaspillé dans les dépenses liées à la nouvelle et dangereuse course aux armements.
Il souligne aussi le rôle néfaste du lobby militaro-industriel, déjà dénoncé par le Président américain Eisenhower en 1961 *.
Extraits du texte de Marc Finaud
« Le monde est surarmé et la paix sous-financée », disait Ban Ki-moon quand il était Secrétaire général des Nations unies. Jamais telle constatation n’a été aussi pertinente qu’en ces temps de pandémie. Au sous-financement de la paix, on doit hélas ajouter le sous-financement de la santé publique.
Le monde s’est ému à juste titre du nombre de victimes de la pandémie de coronavirus, qui devrait atteindre le demi-million en six mois. A titre comparatif, c’est le même nombre de morts qui résulte en moyenne chaque année de la violence armée, dont près de 80 000 dans les zones de conflit et le reste dans les pays dits en paix, résultant d’homicides, de suicides et d’accidents du fait d’armes à feu. (….)
Un demi-million, c’est aussi le nombre de morts et de blessés que provoquerait en quelques minutes l’explosion d’une seule bombe nucléaire telle que l’une des 150 déployées par les Etats-Unis dans cinq pays de l’OTAN. Chacune d’elle a un pouvoir destructeur qui peut atteindre 24 fois la bombe de Hiroshima. Et il ne s’agit là évidemment que d’une partie infime des quelque 13 000 armes nucléaires réparties entre 9 puissances nucléaires, dont la capacité représente plus de 2000 fois la puissance de feu de toute la Seconde Guerre mondiale. Un seul sous-marin Trident peut délivrer l’équivalent de 5000 bombes de Hiroshima. (….)
On est en droit d'espérer que devant un tel gaspillage de ressources tournées vers la capacité d’infliger la mort plutôt que vers la protection sociale et sanitaire, la société civile, les parlements, les scientifiques et les médias se mobiliseront. (….)
* Discours de fin de mandat du Président Eisenhower (17 janvier 1961)
" Nous devons veiller à empêcher le complexe militaro-industriel d’acquérir une influence injustifiée dans les structures gouvernementales, qu’il l’ait ou non consciemment cherchée. Nous nous trouvons devant un risque réel, qui se maintiendra à l’avenir : qu’une concentration désastreuse de pouvoir en des mains dangereuses aille en s’affermissant. Nous devons veiller à ne jamais laisser le poids de cette association de pouvoirs mettre en danger nos libertés ou nos procédures démocratiques."
A lire dans mon livre Quelques citations sur les armes nucléaires