72 ans plus tard, peut-on oublier ?
Le 6 août 1945, à 8h15, les Américains lançaient une bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima : 95 000 à 166 000 victimes. Trois jours plus tard, le 9 août 1945 à 11h02, ils bombardaient Nagasaki, à l’aide d’une bombe au plutonium 239 d'une puissance de 20 KT: 60 000 à 80 000 victimes.
Au-delà du terrible inventaire des victimes et des destructions matérielles de cette première utilisation de l’arme nucléaire, il n’est pas inutile de revenir à nouveau sur ce qui s’est passé : les faits, les mensonges, les conséquences….notamment quant à la signification de l’arme nucléaire dans le monde d’aujourd’hui.
Je vous recommande à ce propos la lecture d’un texte très argumenté de Ward Wilson, qui conteste la thèse longtemps mise en avant de la capitulation du Japon qui aurait été déclenchée par le bombardement atomique d’Hiroshima.
Ce n'est pas la bombe atomique qui a poussé le Japon à capituler
Conclusion de Ward Wilson:
« Notre connaissance d’Hiroshima et de Nagasaki détermine, depuis près de 70 ans, la vision que nous avons des effets du nucléaire. Ces événements constituent, en quelque sort, le socle de toute pensée de dissuasion nucléaire. C’est à cause d’Hiroshima que nous tenons l’arme atomique pour une arme différente des autres, à cause d’Hiroshima que notre vision d’une telle bombe est celle d’une apocalypse à laquelle rien ne peut être comparée. Hiroshima sert d’unité de mesure de la menace nucléaire, une menace qui est pour la première fois énoncée quand Truman évoque la «pluie de destruction» qui va s’abattre sur le Japon. Hiroshima et Nagasaki sont la clé de voûte de l’aura de puissance qui nimbe les armes atomiques et en font des armes d’un poids écrasant dans les relations internationales.
Mais que penser de tout cela si l’histoire traditionnelle du bombardement d’Hiroshima est remise en cause? Hiroshima est l’épicentre de la pensée atomique. Mais l’histoire que nous nous racontons semble bien éloignée des faits. Que devons-nous penser des armes atomiques si leur premier effet connu —le miracle de la capitulation japonaise— s’avère être un mythe? »
Voilà qui devrait faire réfléchir les détenteurs jupitériens de la foudre nucléaire, qui s’obstinent pourtant à refuser de participer aux efforts de la communauté internationale pour interdire les armes nucléaires. Ces quelques pays –dont la France- n’ont pas encore saisi l’occasion de « sortir de l’ancien monde » et continuent malheureusement à pratiquer « la politique de l’autruche », qui consiste à nier une réalité qui déplaît.
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Deux déclarations à méditer :
- celle du Général Lee Butler, qui fut commandant en chef (1992-94) des Forces aériennes nucléaires des Etats-Unis :
« Nous n’avons pas de plus grande responsabilité que de mettre un terme à l’ère nucléaire (….) Nous ne pouvons continuer de soumettre à un blocage souverain les clés qui nous délivreraient enfin du cauchemar nucléaire. Nous ne pouvons refuser d’engager les ressources essentielles pour nous délivrer de son emprise, pour réduire les dangers qu’il représente. Nous ne pouvons rester là, assis, à acquiescer par notre silence aux sermons dépassés des grands prêtres du nucléaire. Il est temps de réaffirmer la primauté de la conscience individuelle, de redonner voix à la raison et aux intérêts légitimes de l’humanité. » (2 février 1998)
- celle de Ronald Reagan, qui fut Président des Etats-Unis (1981-89)
« Vous apprenez que des missiles soviétiques ont été lancés, vous savez que, désormais, plus rien ne peut les arrêter et qu’ils vont détruire une partie de votre pays, beaucoup plus grande que ce que vous pouvez imaginer. Et vous êtes assis là, sachant que tout ce que vous pouvez faire est d’appuyer sur le bouton pour que des Soviétiques meurent aussi, alors que nous serons déjà tous morts. » (1985)
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A lire: Les véritables raisons de la destruction d'Hiroshima
Tout savoir sur le bombardement d’Hiroshima et Nagasaki
Bombes atomiques, causes et conséquences (Excellent recueil de documents sur l’utilisation de l’arme nucléaire lors de la seconde guerre mondiale)
Regarder: Le Japon n'a pas capitulé à cause d'Hiroshima (1’40)
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