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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Jupiter

Publié le 20 Mars 2017 par Paul Quilès in Désarmement nucléaire

Jupiter

     A l’issue d’une semaine intense de contacts sur le thème du désarmement nucléaire (4 réunions publiques, 6 rencontres avec des journalistes), il me semble qu’une attente se fait jour, même si elle est très peu audible à travers les médias.

 

     Quand on les informe sur la gravité de la responsabilité du chef de l’Etat s’agissant de la mise en œuvre de la dissuasion nucléaire (c’est-à-dire de ce pouvoir exclusif du Président de la République d’utiliser la bombe atomique), nos concitoyens, futurs électeurs du 23 avril et du 7 mai, s’étonnent du silence des candidat(e)s à ce sujet.

 

      Mes questions sont toujours là, qui attendent leurs réponses.

 

      Je suggère à ceux/celles qui postulent à la fonction suprême de "Jupiter, maître de la foudre" de méditer ces phrases du Président des États-Unis Ronald Reagan, tirées d’une interview qu’il donna en 1985 à Time. Voici comment il décrivait son sentiment  à l'égard de la responsabilité d'engager ou non une attaque nucléaire :

 

     « Vous apprenez que des missiles soviétiques ont été lancés, vous savez que, désormais, plus rien ne peut les arrêter et qu'ils vont détruire une partie de votre pays, beaucoup plus grande que ce que vous pouvez imaginer. Et vous êtes assis là, sachant que tout ce que vous pouvez faire est d'appuyer sur le bouton pour que des Soviétiques meurent aussi, alors que nous serons déjà tous morts ».

 

      Étonnantes paroles d’un président, dont l'image que nous avons conservée de lui n'est pas celle d'une colombe de la paix ! Il était pourtant très inquiet depuis qu’on lui avait expliqué qu’il y avait en Union Soviétique entre 20 000 à 40 000 sites visés par les différents missiles américains, ce qu’il avait trouvé à juste titre effrayant.

 

    Il faut également savoir, ce qui est peu connu (lire l’excellent livre de Guillaume Sérina à ce sujet), qu'un an après cette interview dans Time, s’est tenu en octobre 1986 un sommet américano-soviétique à Reykjavík, en Islande, au cours duquel une discussion a eu lieu entre Reagan et Gorbatchev, pour examiner comment arrêter la folle course aux armements*.

 

     Mikhaïl Gorbatchev proposa alors à Ronald Reagan de faire disparaître l'armement nucléaire d'ici l'an 2000 (soit quatorze ans plus tard, cette disparition ne pouvant évidemment pas se faire en un jour, ni même une année). La négociation échoua malheureusement en raison de l’exigence américaine de conserver le fameux « bouclier anti-missile » de l’IDS (Initiative de Défense Stratégique)…..qui n’existait pas et ne vit jamais le jour !

 

*  Course aux armements qui a conduit à faire passer le stock mondial de 3 armes nucléaires en 1945 à 70 000 armes à la fin des années 90.....

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P
Devant tant d’aveuglement, on peut se demander si le mécanisme observé ici n'est pas celui que j'ai pu connaitre au cours de ma carrière médicale : le déni de la réalité car impossible à penser. Au fond, c'est tellement gros que l'on ne peut même pas l'envisager. C'est, pour contredire Jaurès et donner raison à La Rochefoucauld, l'impossibilité de regarder la mort en face. Ou encore, en allant sur le terrain de la philosophie en lisant Marx, l'impossibilité de l'être d'envisager le non-être. D'autant plus qu'ici, il s'agirait d'une mort collective et environnementale jamais éprouvée à cette échelle par l'humanité, même pas à Hiroshima et à Nagasaki. Ces deux cités ont péri sous des bombinettes comparées aux puissances destructrices actuelles. Toute représentation en est donc tellement floue et sans mesure qu’elle en semble irréelle. Autant dire que les politiques n’ont pas à répondre d’une responsabilité qui est inenvisageable car seul un esprit dérangé pourrait imaginer l’impensable. Saluons donc tous ceux qui escaladent cette montagne de cécité générée par la peur, l’ignorance et l’obstination.
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