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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Trump, premier "comandante" des Etats-Unis ou despote arabe?

Publié le 29 Janvier 2017 par Paul Quilès in International et défense

Trump, premier "comandante" des Etats-Unis ou despote arabe?

Cet article de Catherine Gouëset, publié hier dans l’Express,

résume bien ce que beaucoup de Français ressentent

à propos du nouveau président américain,

déconcertant et inquiétant à la fois.

*****

Le nouveau président américain partage pas mal de caractéristiques avec les dirigeants populistes du Moyen-orient ou d'Amérique latine observent, mi-amusés, mi-sérieux plusieurs spécialistes de ces régions.

Plus iconoclaste que Reagan, plus surprenant que Bush. Le phénomène Donald Trump est inédit dans la vie politique américaine. Sa truculence qui confine à la vulgarité, ses obsessions, son attitude avec les électeurs, la classe politique et les médias ont un air de déjà vu dans dans certaines régions du monde. Au Moyen-Orient et en Amérique du Sud, notamment, bien des aspects du 45ème président des Etats-Unis sont parfaitement familiers.

"N'ayez pas peur, je vais tout arranger"


Trump veut bâtir un mur pour stopper les migrants et les produits en provenance d'Amérique latine, constate le Washington Post, "mais il a importé une spécialité politique locale: celle du démagogue nationaliste".
Trump partage pas mal de points communs avec des démagogues populistes d'Amérique latine du passé: le dominicain Rafael Trujillo, l'argentin Domingo Perón, ou, plus récemment, le chilien Alberto Fujimori, le vénézuélien Nicolas Maduro ou le nicaraguayen Daniel Ortega. Comme eux, "il dit aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre, leur fait peur, avant de les rassurer: 'N'ayez pas peur, je vais tout arranger', commente un éditorialiste dans le Miami Herald.
Comme les autocrates latino-américains, Trump a mené campagne à coup de provocations destinées à faire les gros titres explique Andrés Oppenheimer. Et quand ses allégations sont démenties, il rétorque qu'on a déformé ses propos." Le Guardian, lui, trouve des échos de la rhétorique du "comandante" Chavez dans sa relation symbiotique avec la foule, le mélange de grandiloquence, de menaces et d'humour paillard.

Agiter des bouc-émissaires


Le spectre de la menace étrangère agité par Trump fait partie de la panoplie des national-populistes du sous-continent. A l'instar d'un Perón, il capte le ressentiment créé par l'essor des inégalités et se pose en défenseur des "oubliés" du système. Pour remédier à leurs maux, il désigne des boucs émissaires: les étrangers. Exactement comme Trujillo avec les migrants haïtiens en République dominicaine, rappelle Foreign Affairs.

Egocentrique et machiste

 

Comme ces despotes, Trump est égomaniaque: son mot favori est "je". Il rabâche qu'il est le plus malin, que ses rivaux sont des "imbéciles" ou des "vendus". Il n'a pas de programme concret ni d'organisation politique pour le mettre en oeuvre.
Des tyrans d'Amérique latine, Trump partage le machisme, observe Diego Von Vacano sur NBC News. Le politologue souligne l'importance de la sexualité dans la figure du caudillo. "Trujillo s'est marié trois fois, a eu de multiples maîtresses, et se vantait de ses prouesses sexuelles, un moyen d'affirmer sa stature d'homme fort." Dans l'Amérique de Trump, on appelle ça un mâle alpha.
Ironie du sort, relève Andrés Oppenheimer, c'est au moment où l'Amérique latine "commence à rejeter les autocrates messianiques que les Etats-Unis adoptent cette figure".

La passion pour la chose militaire

 

De l'autre côté du globe, c'est plutôt la figure du despote moyen-oriental que Trump évoque. Coïncidence? Le milliardaire répète souvent que le Moyen-Orient se porte beaucoup mieux avec des régimes forts, hier (Saddam Hussein ou Mouammar Kadhafi), ou aujourd'hui (Abdelfatah al-Sissi).
Dans Politico, le Libanais Karl Sharro raille la fascination de Trump pour les militaires -il en a fait entrer trois dans son administration et aurait même rêvé d'un défilé militaire pour son investiture: "Grâce au nouveau président, on peut maintenant parler de 'régime américain', Votre pays mérite cet honneur", ironise le blogueur.

Le népotisme

 

Autres points communs entre Trump et les despotes arabes, la zone grise entre famille et politique, selon le site Al-Araby Al-Jadeed, basé à Londres. Trump règne entouré des siens, comme la plupart des dirigeants du Moyen-Orient. Il a placé dans l'équipe de transition ses enfants et son gendre, puis nommé ce dernier haut-conseiller.

La défiance envers les médias

 

L'attitude de Trump envers les médias ressemble fort à celle des régimes de "l'Orient compliqué": "Des accusations de conspiration pour saper son autorité aux menaces d'interdire leur accès à son palais (la Maison Blanche) en passant par le refus de répondre à certains journalistes, cela rappelle nos dirigeants", moque Karl Sharro.
Comment s'y prendra-t-il pour les "remettre à leur place", interroge le satiriste? "A la manière d'Erdogan (le dirigeant turc) en écrasant graduellement la liberté de la presse, ou bien choisira-t-il l'approche arabe: remplacer tous les médias par un ou deux organes d'Etat?"

Le goût du clinquant

 

Al-Araby Al-Jadeed trouve une autre analogie entre Trump et les caciques arabes: le goût pour les dorures, manifeste chez le magnat de l'immobilier.

L'obsession du complot

 

Dernier effet-miroir, les manifestations anti-Trump, au lendemain de son élection ou le jour de son investiture, dénoncées comme factices par le nouveau président et son camp: "des professionnels, attisés par les médias". Un leitmotiv dans les capitales arabes selon qui les manifestations étaient forcément téléguidées de l'étranger.
Mi-amusé, mi-amer, Karl Sharro lance un avertissement aux Américains: "Nous avons essayé la révolution, et ça n'a pas très bien marché. Vous devriez peut-être vous résigner à vivre avec le nouveau régime. On nous répète sans cesse qu'un homme fort et responsable est la meilleure solution pour les pays arabes, sinon, c'est le chaos. Après tout, le peuple américain n'est peut-être pas prêt pour la démocratie"…

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P
Peu de temps avant les élections américaines, je rencontrai des jeunes citoyens de ce pays. Quand ils ont évoqué Donald Trump, je n'ai pas pu m'empêcher de rire ironiquement tant le personnage paraissait invraisemblable et que son élection était improbable. A présent, j'ai honte d'avoir agi ainsi. Je n'ai pu me rattraper qu'en envoyant un message de sympathie à tous mes amis américains.
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