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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Comment la gauche a joué contre son camp

Publié le 31 Mars 2015 par Paul Quilès in Politique française

Comment la gauche a joué contre son camp

Cette tribune a été publiée sur le site de Slate.fr sous le titre

 

"Départementales: comment la gauche a joué contre son camp"

 

     Au-delà de la nécessaire et urgente réflexion politique que doivent engager la gauche et singulièrement le PS à la suite de cette défaite, une interrogation me semble légitime : comment a-t-on pu accumuler autant de décisions contestables dans la préparation de ces premières élections départementales ? Qu’on en juge.

 

     1- On annonce que les départements doivent disparaître (bientôt ? en 2021 ? plus tard ? jamais ?), mais dans le même temps, on vante leurs mérites dans la perspective des prochaines élections départementales. Comprenne qui veut !

 

     2- On augmente la taille des cantons, (multiplication par 3, 4 ou même 5 pour les cantons ruraux) et celle des intercommunalités (au moins 20 000 habitants), en même temps qu’on promet de favoriser la politique de proximité, tout en annonçant l’objectif de réaliser de fortes économies sur les budgets de fonctionnement. Difficile d’être plus contradictoire !

 

  3- On se propose de modifier les compétences des conseils départementaux et on laisse se développer des incertitudes, sans que la loi qui doit les définir soit votée avant les élections. Bel argument donné aux adversaires !

 

     4- On fixe le seuil pour participer au 2ème tour à 12,5% des inscrits. L’idée affichée est de limiter les triangulaires au second tour et de favoriser le rassemblement de la gauche. Dans le contexte de montée du FN et  de la droite, ce système élimine de nombreux candidats socialistes.

 

     5- On décide qu’il y aura une seule consultation dans l’ensemble de la France tous les 6 ans, au lieu de 2 élections (un vote dans la moitié des départements, suivi, 3 ans plus tard, par un vote dans l’autre moitié). Conséquence : ce scrutin prend une valeur de test national.

 

     6- On insiste sur l’enjeu politique d’ampleur nationale que représente l’issue de ce scrutin, ce qui fait passer au second plan le caractère local de chaque consultation départementale. Au lieu de subir les conséquences du « vote sanction » contre la politique gouvernementale, il aurait été possible de valoriser le bilan positif des équipes sortantes de gauche.

 

  7- On organise le matraquage anti-FN, avec une argumentation dramatisante à base d’anathèmes (« mise en cause des valeurs de la République », « faute morale »). Négliger la critique programmatique a produit l’effet contraire sur un électorat attiré par le Front national  pour d’autres raisons. Cette attitude est apparue comme une tactique destinée à masquer les insuffisances de la politique gouvernementale.

 

     Ainsi, au parcours chaotique d’une réforme encore non aboutie a succédé une démarche politique contre-productive.


    Dernière interrogation : comment ceux qui ont prôné les vertus du rassemblement de la gauche au second tour de ces élections, alors qu’ils n’ont pas eu de mots assez durs contre les autres composantes de la gauche, pourront-ils justifier leur absence de volonté de réaliser un vrai rassemblement autre qu’électoraliste ? La «  défense de la République » passe par la cohérence entre les actes et les discours. A défaut, le camp de la contestation du monde politique (qui alimente le FN) risque malheureusement de se trouver renforcé. 

 

                                                                                              Paul Quilès

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M
C'est très juste et trop gentil aussi , de ne pas démonter la mécanique qui est derrière tout ça !
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P
Votre analyse me semble pertinente, en particulier dans les paragraphes 6 et 7 de votre article ci-dessus. Pourtant, il me semble que l'essentiel est lié à des désaccords profonds quant à la politique nationale menée depuis 2012 et envisagée encore à ce jour. Ainsi, cet espace politique que l'on nomme traditionnellement la gauche est-il profondément divisé sur le fond, pas seulement sur des aspects conjoncturels ou formels. On peut le regretter mais le constat doit être fait : la configuration s'est radicalement modifiée depuis le temps de l'union de la gauche avec désistement automatique pour les candidats du Parti Socialiste. Qui plus est, le Parti Socialiste est lui-même divisé. Ceci n'est pas vraiment nouveau, mais l'expression de ces conflits est désormais publique et va jusqu'à s'exprimer dans l’utilisation de l'article 49-3 pour faire passer la loi Macron 1.
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B
Par rapport à l'issue des dernières élections départementales, je partage l'analyse de Paul Quilès, il a intelligemment, et sans langue de bois, compris les paramètres qui ont conduit à l’échec de la majorité présidentielle. Tous les points qu'il a examiné, il y en a d'autres, sont absolument pertinents. La moitié des électeurs s'est abstenue parce qu'elle ne se reconnaissait plus dans la PS tel qu'il est reflété par la politique du gouvernement actuel.
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