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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Pierre Bérégovoy, il y a 20 ans

Publié le 30 Avril 2013 par Paul Quilès in Bérégovoy Personnel Politique française

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      

      Avant d’aller demain matin, comme chaque 1er mai, à la rencontre de mes amis syndicalistes de Carmaux, j’aurai une pensée pour Pierre Bérégovoy, mort dans des circonstances tragiques il y exactement 20 ans, le 1er mai 1993.  

     

       Pierre était un ami. C’était aussi un camarade socialiste et le chef du gouvernement dans lequel je fus ministre de l’intérieur. C’est dire si sa mort brutale m’a affecté.

 

       Je souhaite qu’on se souvienne de l’homme qu’il a été et de son parcours exceptionnel: celui du syndicaliste ouvrier, devenu militant politique, puis responsable au plus haut niveau, avant de devenir ministre puis premier ministre.

   

        Qu’il ait commis des erreurs, c’est probable, mais qui n’en commet pas dans l’action politique ? Cela ne saurait pour autant justifier les campagnes haineuses dont il fut l’objet de la part de ses adversaires politiques et son honneur " jeté aux chiens", pour reprendre la formule de François Mitterrand lors des obsèques de Pierre Bérégovoy à Nevers.

 

       Il n’avait pas supporté la violence de cette mise en cause et je me souviens de sa tristesse lorsque certains "amis" se sont éloignés de lui, au moment où il avait besoin de soutien.

 

       Je me souviens aussi de sa réaction indignée, lorsque, ministre de l’intérieur, je l’ai informé des "révélations" qui allaient être publiées sur le prêt sans intérêt qui lui avait été consenti.

 

       Je me souviens de son écoeurement après cette séance pénible du Comité Directeur du PS à la Maison de la chimie, quelques semaines après les  élections législatives. Il s’agissait de tirer les leçons de la sévère défaite de la gauche et certains responsables socialistes avaient préféré le prendre comme bouc émissaire en le présentant comme responsable principal de l’échec.

 

       Je me souviens enfin de ce soir, quelques jours avant son suicide, où il est venu me voir dans mon bureau à l’Assemblée Nationale. Il était totalement déprimé et ne cessait de répéter : « Paul, franchement, est-ce que tu crois qu’on a mérité ça ? ». Je me suis dit plus tard que ce devait être un message : "ça" c’était probablement ce qu’il subissait et le sentiment d’être abandonné par ses "amis". 

 

      Alors, depuis ce jour, je sais qu’il faut utiliser avec beaucoup de discernement le beau mot d’ "ami".

 

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Message adressé par François Mitterrand en avril 1995

à l'association des amis de Pierre Bérégovoy

 

      "Il est juste et nécessaire d'entretenir, comme vous le faites, le souvenir que chacun garde de lui. Pour beaucoup, c'est la reconnaissance de sa valeur qui s'est imposée trop tardivement, mêlée à un attachement profond dont a témoigné et témoigne encore l'émotion sincère qui n'a pas quitté les cœurs depuis deux ans.

 

      Pour certains, dont je suis, c'est le souvenir d'un ami pudique, fidèle et généreux. Son regard exigeant, son sourire ne nous ont pas quittés. Tous se souviennent du militant sincère et désintéressé, de l'homme politique compétent et vigoureux qui a mis toute son énergie et sa vie même au service de la nation, d'une France forte, reconnue et généreuse.

 

      Il a consacré toute son énergie à convaincre ses concitoyens que la justice sociale doit être le but de toute action politique et qu'elle ne peut être construite que sur une économie solide, moderne et transparente. Il savait que ce sont d'abord les plus modestes qui paient les illusions de la facilité."