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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Nucléaire: l'émotion et la raison

Publié le 2 Juin 2011 par Paul Quilès in Energie et environnement

nucleaire-Merkel.jpg     Angela Merkel vient de décider d’arrêter la production allemande d’électricité nucléaire en 2022.  Quand une mesure de cette importance est prise, on est en droit de se demander quelle en est la raison, surtout lorsqu’elle représente, comme c’est le cas ici, une volte face flagrante par rapport aux positions précédemment exprimées par la Chancelière.
     Il faudrait être aveugle pour ne pas comprendre que cette décision répond d’abord à des considérations de nature politique, disons plutôt politiciennes. Il s’agit en effet pour Angela Merkel de limiter les risques électoraux que court son parti, du fait de la progression des Verts, dopés par l’émotion engendrée par la catastrophe nucléaire de Fukushima.
     Au-delà de ces considérations, il me semble utile de s’interroger sur les conditions dans lesquelles cette « sortie du nucléaire » a été décidée. Au moins 3 points méritent réflexion :
    - le programme de remplacement à mettre en œuvre dans les 10 prochaines années est-il clairement identifié par le gouvernement allemand et accepté par la population (développement rapide des énergies renouvelables, modification des modes de consommation, évolution des réseaux de distribution….) ?
    - les objectifs d’émissions de carbone fixés au niveau européen seront-ils tenus ?
    - les Allemands comptent-ils sur les importations d’électricité française (produite à 75% par des centrales nucléaires !), pour combler des déficits passagers ? Etonnant....lorsque l'on sait qu’il arrive à la France d’importer de l’électricité d’Allemagne, lors de périodes de pointe de consommation!
     En posant ces questions, je ne souhaite pas me situer dans ces catégories réductrices - les « pro », les «anti », les "responsables", les "rêveurs"-, qui conduisent trop souvent à empêcher toute discussion en profondeur. Ces questions légitimes (et bien d’autres encore) font partie d’un débat qui doit avoir lieu de façon non partisane et en dépassant les postures émotionnelles, en évitant la manipulation des chiffres, en ne mélangeant pas les problèmes techniques, économiques et politiques.
    Depuis 40 ans, au cours de ma vie d’ingénieur dans le secteur de l’énergie, dans mes responsabilités syndicales, politiques, d’élu et de ministre, je me suis toujours battu contre les positions extrêmes qui ont conduit à une dépendance excessive à l’égard du nucléaire et à une sous estimation des énergies renouvelables et des économies d’énergie. Je l’ai fait de façon raisonnée, convaincu que, sur un dossier aussi crucial pour nos sociétés, une information sérieuse, objective et, si nécessaire, contradictoire est le préalable indispensable à un débat public, sans lequel il n’est pas possible d’envisager des réponses acceptables par nos concitoyens.
     C’est précisément pour cela que je me retrouve dans la démarche du club Gauche Avenir, qui propose aux forces de gauche et de l’écologie de définir, pour plusieurs grands thèmes, le « socle » sur lequel pourra se construire un projet et un programme de gouvernement.
     En ce qui concerne l’énergie, chacun voit bien qu’il y a des nuances et parfois des divergences entre les différents partis de gauche, mais s’ils veulent gouverner ensemble et être crédibles aux yeux des Français, ils ont le devoir de définir ce « socle », c'est-à-dire les analyses et les propositions qu’ils ont en commun.
     Le 18 juin, une journée de travail sera consacrée à ce thème de la politique énergétique, en présence de responsables politiques et d’experts. Pour en savoir plus, cliquez ici.
     La réunion sera publique et nous publierons le compte-rendu des débats, comme nous l’avons fait pour la 1ère assemblée des gauches et des écologistes sur le logement.
     Lire aussi sur ce blog:  "pour une nouvelle politique de l'énergie"
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