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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Jaurès, la guerre, la paix

Publié le 18 Décembre 2011 par Paul Quilès in Jaurès

jaures-discours.jpg   Lors de la réunion d’Albi sur le désarmement nucléaire, j’ai affirmé que je me sentais naturellement plus proche de Jaurès que de Clausewitz, qui considérait que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Même si cette formule du célèbre stratège date du début du 19ème siècle décrit bien ce qu’est encore aujourd’hui, trop souvent, la réalité des relations entre les Etats, elle oublie que la guerre est toujours un échec des hommes.
 
      C’est pour cela que je préfère me référer à l’œuvre et à l’action inlassable de Jaurès en faveur de la paix et de « l’arbitrage international », qui prit corps dans la SDN, malheureusement incapable d’empêcher la montée des régimes autoritaires, puis dans l’ONU, après la 2 ème guerre mondiale.
 
     Jaurès n’était pas ce que l’on appelle de façon parfois réductrice un « pacifiste », comme le montre son livre « l’Armée nouvelle » , qui donna lieu à de nombreux débats. Mais celui qui disait que « le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel »[1] et qui considérait l’idéal comme la boussole permanente de l’action savait qu’il ne faut pas oublier la nécessaire prise en compte des réalités, sans pour autant tomber dans l’opportunisme, voire dans le cynisme.
 
     Certes, les réalités du monde d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes que celles d’il y a un siècle et les dangers ne sont pas de même nature. Encore faudrait-il en parler et ne pas considérer que les questions internationales et de défense sont trop sérieuses pour faire l’objet de débat public ou même parlementaire. On se contente de considérer que la Vème République donne tous pouvoirs au Président de la République dans ce domaine[2] et qu’il n’y a donc pas lieu de consulter le peuple sur ces questions présentées comme complexes. Et comme on n’en parle pas, on se contente d’affirmer « qu’il y a un large consensus », en s’appuyant même sur des enquêtes d’opinion dont la validité est douteuse, puisqu’il n’y a ni information préalable ni débat contradictoire.
 
      Ce climat n’est pas nouveau et Jaurès regrettait déjà que les partis politiques ne s’intéressent à ces questions que « par le biais de la vision électorale », allant même jusqu’à reprocher aux socialistes une attitude qui « se borne le plus souvent à une opposition générale sans précision et sans effet ».
 
      Et quand il s’adressait au peuple, Jaurès savait trouver les mots pour leur parler de l’état du monde, des dangers de la guerre et de la nécessité de la paix. Je ne résiste pas au plaisir de citer à ce propos quelques lignes d’Alain Decaux[3], reprenant un remarquable texte de Jean Guéhenno, son prédécesseur à l’Académie Française, qui, adolescent, avait assisté au sein d’une immense foule à la visite de Jaurès à Fougères, où se déroulait une grève ouvrière particulièrement dure :
 
      « L’accent du sud-ouest martelait ses phrases. L’éloquence était à la fois classique et populaire. Jaurès était le familier des orateurs antiques et, en même temps, il côtoyait chaque jour les souffrances du peuple. Ce jour-là, il ne parla pas aux grévistes de Fougères de leurs épreuves. Ceux-ci ne les connaissaient que trop. Mais il leur dit qu’ils n’avaient pas le droit d’être vaincus, parce que leur combat n’était pas le leur seulement, mais celui de tous. A ces gens courbés dans la servitude, il parla de leur fierté. Il leur dit que tous –oui, tous-, portaient en eux un monde. Comme il a su se souvenir, Jean Guéhenno ! Ecoutons-le :    
      ‘‘Et puis, sa voix se fit plus grave. Il évoqua tous les malheurs que subissaient les hommes, les terres ensanglantées, la guerre qui, comme une nuée, montait vers l’horizon et roulait vers nous, un univers furieux que, seuls, pouvaient exorciser notre bon sens et notre volonté. Alors seulement, vers la fin de son discours, il nous nomma de ce nom plus chargé de tendresse : « camarades » et, pour la première fois, j’eus le pressentiment de notre vrai destin.’’ »   
 
[1] Discours à la jeunesse (Albi, 30 juillet 1903)
[2] Dans sa conférence de presse du 31 janvier 1964, le général de Gaulle affirme que « l’autorité indivisible de l’Etat est déléguée tout entière au Président de la République ». Le 14 janvier 1964, de façon étonnante, c’est un décret qui avait précisé le rôle exclusif du Président de la République quant à l’usage de la force de frappe.
[3] Alain Decaux m’a aidé dans la préparation du spectacle « ils ont tué Jaurès » , que j’ai organisé et qui a été présenté à Carmaux à l’occasion du 80ème anniversaire de la mort de Jaurès (voir aussi ce lien). Le texte est extrait de l’éditorial d’Alain Decaux dans la brochure de présentation du spectacle.        
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S
Jaurès, war, peace is a good share and i can say that reading such article holds vital information update for the people like me who are into researching and analyzing the historical facts and figure. i am happy for the good share and i wish to be here again for more.
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E
Jean Jaurès proposa l'adoption de la langue auxiliaire internationale espéranto en 1907 à l'Internationale. Les Chinois l'appellent la Langue Mondiale. Dès 1912 la Chine introduisit l'espéranto dans son système scolaire. Et en 1922 l'Afrique du Sud, le Brésil, la Belgique, le Chili, la Chine, la Colombie, Haïti, l'Italie, le Japon, l'Inde, la Perse, la Pologne, la Roumanie et la Tchécoslovaquie proposèrent à la Société des Nations l'adoption de l'Espéranto comme langue auxiliaire internationale.<br /> Qu'en pensez-vous ?
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