Voici l'interview que j'ai donnée au Figaro et qui a été publiée le 27 juillet 2010, sous le titre "On ne se présente pas à l'Elysée comme à un casting"
Vous étiez opposés aux primaires. Maintenant que ce mécanisme de désignation du candidat est entériné, qu’allez-vous faire ?
Je n’y étais effectivement pas favorable. Avec ce type de primaires socialo-socialistes, le PS se retrouve devant un paradoxe. Soit il y a deux candidats - un favori et un faire-valoir- et alors pourquoi organiser des primaires ? Soit il y a 4, 5 ou 6 candidats et nous nous retrouvons devant une campagne télévisée à base d’affrontements. Cela a d’ailleurs déjà commencé. J’entends Manuels Valls régulièrement, François Hollande fait des réunions partout en France, Pierre Moscovici prévient que si DSK ne revient pas alors il se présentera. Quant à Martine Aubry, elle a la légitimité institutionnelle pour se présenter.
Les primaires sont présentées comme le moyen de créer le leadership qui manque au PS...
C’est tout le contraire de ce que doit faire un parti. Avec de telles primaires, le choix du candidat sera fait en fonction de la personne, des programmes, des équipes et des alliances. Mais on ne part pas à la présidentielle comme on se présente à un casting. On ne peut pas l’emporter si l'on attend le lendemain du premier tour pour définir les points de convergence avec les autres formations de gauche.
Quant à savoir si les primaires provoqueront l’engouement populaire annoncé, cela reste largement hypothétique.
Mais si tel devait être le cas, ce mécanisme pourrait-il donner de l’élan au candidat de la gauche ?
Sans m’attarder sur les risques de voir des militants de droite participer aux primaires pour en fausser le résultat, il faut souligner une autre contradiction de ce mécanisme. Il donne une importance majeure au choix de la personne, alors que tous les promoteurs des primaires dénoncent la présidentialisation du régime.
Comment auriez-vous procédé ?
Il faut partir des points de convergence avec les autres formations de gauche. J’ai réussi à obtenir de la direction du PS qu’elle présente vers la fin de l’année un état des lieux des contacts avec les autres partis de gauche. Cela fait longtemps que je défends, avec le club Gauche Avenir, l’idée d’organiser des Etats généraux de la gauche pour définir les thèmes principaux autour desquels créer la nécessaire mobobilisation.
Que ferez-vous si les militants désignent un candidat comme DSK qui est plutôt éloigné de vos convictions ?
Nous n’en sommes pas là. Je ne veux pas anticiper. Je souhaite que le processus que je défends permette de faire émerger celui ou celle qui défendra le mieux ces idées et ces projets.