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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Primaires : la foi, Dieu, le diable

Publié le 30 Août 2009 par Paul Quilès in Réflexions à haute voix

       J’entends souvent dire : « il faut vraiment avoir la foi, pour faire de la politique en ce moment! ». Il est vrai que ce n’est pas simple de prouver à nos concitoyens que l’action politique a un sens, dans cette démocratie, écrasée par l’hyper médiatisation, par le présidentialisme et par une atmosphère de crise mondiale, qui efface les repères et qui rend l’avenir de plus en plus incertain. Comment ne pas comprendre également qu’ils ne croient plus que les mots, si souvent déformés jusqu’à ne plus rien dire (rupture, changement, démocratie, rassemblement, moralisation….) se traduiront par des actes ? Et ce n’est pas la malheureuse formule d’un responsable socialiste, se proclamant « croyant, mais pas pratiquant », pour expliquer ses reniements, qui leur rendra la foi !

        Alors, certains ont trouvé la solution miracle : le recours au peuple, probablement parce que -pour rester dans les références religieuses- la voix du peuple, c’est la voix de Dieu (« vox populi, vox dei ») ? Il se trouve que l’on connaît les limites de la démocratie directe,…….. qui n’aurait pas permis par exemple d’abolir la peine de mort il y a 28 ans ! C’est bien pour cela que l’on a recours à la démocratie représentative, même si elle est très imparfaite et si, dans cette Vème République qui en a détourné le fonctionnement pour en faire une monarchie républicaine, bien des transformations sont nécessaires : mandat parlementaire unique, rééquilibrage des pouvoirs….

        Soyons donc prudents devant cette soudaine découverte du rôle du peuple comme remède magique aux doutes des citoyens devant la perte de crédibilité de la politique et des responsables politiques. On nous annonce des objectifs ambitieux : « donner une légitimité aux candidats », « régénérer la démocratie », « revisiter la conception des partis politiques », « redonner le pouvoir aux citoyens ». Chacune de ces formules prometteuses nécessiterait un long débat……mais comment ne pas voir qu’une primaire entre une dizaine de candidats socialistes risquerait d’avoir des effets contraires aux objectifs affichés. Par exemple : la participation au vote d’électeurs venant du bord opposé, la fixation de l’opinion publique sur les aspects médiatiques, largement influencés par des forces extérieures à la gauche, la mise à l’écart des autres organisations de gauche, les affrontements publics sur les aspects programmatiques .…Plus que jamais, le proverbe anglais se justifie : « le diable est dans les détails »

        Au-delà de ces observations de bon sens, ce qui me trouble surtout, c’est le silence sur ce qui constitue l’élément majeur du combat politique : la stratégie. Seule la « foi du charbonnier »[1] peut conduire à accepter un système qui fait de graves impasses. Il est en effet évident que F. Bayrou sera candidat en 2012 et qu’il y aura probablement un candidat d’extrême gauche. Veut-on rejouer le triste scénario du 1er tour de l’élection de 2002 ? Aurait-on oublié que, pour être en mesure d’élargir le front contre le candidat de la droite au 2ème  tour…..il faut y être présent ? La seule voie possible pour espérer vaincre une droite rassemblée et dangereuse, malgré ses échecs, est de réunir au 1er tour la gauche et les écologistes autour d’un candidat unique, qui portera un projet défini préalablement en commun.

        C’est sur cette base que peuvent prendre tout leur sens des primaires associant les militants des partis, des associations, des clubs (et peut-être des syndicats) qui auront contribué à organiser le rassemblement et à préparer le programme de la future majorité. Nous sommes près d’un millier de responsables et de militants de gauche à avoir proposé cela depuis 6 mois (www.gauche2012.org). C’est me semble-t-il, la seule démarche susceptible de forger la légitimité du candidat et de préparer la mobilisation des forces vives de la gauche, indispensable pour préparer la victoire en 2012.

[1] ou, pour prendre une référence plus laïque, le recours à la « méthode Coué » !


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