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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Interview de Paul Quilès pour « Parti pris »

Publié le 25 Juin 2007 par Paul Quilès in Médias

1) Quel regard portez vous sur les récentes élections présidentielles et législatives ?

R : Comment ne pas être amer en se souvenant que l’élection présidentielle était donnée comme acquise pour la gauche un an avant l’échéance ? Des élections européennes et régionales largement gagnées, un référendum qui avait tourné au désaveu du gouvernement, des mouvements sociaux pleins de vigueur, un président de la République et son 1er Ministre totalement décrédibilisés…. Le sentiment de facilité apparente pour la gauche et notamment pour les socialistes a d’abord amené à faire de graves impasses sur la réflexion politique préalable (les valeurs, les thèmes de clivage gauche/droite,  la base sociale de notre électorat…).
Des erreurs ont ensuite été commises : confiance souvent aveugle dans les analyses d’opinion et dans les méthodes de marketing politique, approximations dans la conduite de la campagne et dans le positionnement de la candidate, brouillage idéologique (flirt avec le centre) fleurant bon l’opportunisme. Le contraste a été saisissant avec un candidat qui a développé une campagne implacable fondée sur des valeurs de droite clairement explicitées. Le  double échec de mai-juin était alors inévitable et le salutaire sursaut du 2ème tour des législatives n’a pas transformé la défaite en victoire.

2) doit on considérer, avec certains, que "le parti d'Epinay " est mort ?

R : Ceux qui font cette analyse pensent à l’évidence à un nouveau parti…dont ils se gardent bien de définir les contours et les objectifs ! Rappelons-nous quand même les conditions dans lesquelles le PS est né en 1971 à Epinay : une SFIO en déliquescence, le choc de la présidentielle de 1969, une volonté incarnée par Mitterrand d’ancrer le socialisme à gauche et de s’appuyer sur des alliances crédibles à partir de bases programmatiques. Dire que la situation de 2007 n’est pas la même est une évidence, mais vouloir « tuer » le PS d’Epinay et croire dans le même temps que le PS, à lui seul, pourra, comme on l’entend, remplir l’ensemble du paysage de la gauche est une erreur.

3) quelles sont les raisons qui ont motivé la création de "Gauche Avenir" ?

R : Nous sommes partis du constat que, face à la droite décomplexée de Sarkozy, la gauche se trouve désorientée, écartelée et sans véritable repère unifiant. On parle beaucoup en ce moment de « refondation » ou de « rénovation », mais nous considérons qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Le préalable est de redéfinir des valeurs claires et mobilisatrices ainsi que des objectifs simples. Les fondateurs de Gauche Avenir, issus de différentes sensibilités politiques, sociales et culturelles de la gauche, veulent précisément contribuer, en dehors des partis, de leurs enjeux de pouvoir et des rivalités de personnes, à cette « redéfinition ». Ils souhaitent rassembler tous ceux qui veulent s’associer à cette démarche et qui, sans se renier, ont compris que le monde a changé et que de nouvelles aspirations se sont fait jour. Cette démarche, patiente et sérieuse, s’appuiera sur une volonté de dialogue, d’écoute et d’ouverture à tous les courants de la gauche.

4) le club "Gauche Avenir" a t il vocation à préfigurer une future recomposition de la gauche ?

R : Nous avons l’ambition de développer une analyse et une méthode que nous souhaitons rendre incontournables dans les processus conduisant à l’indispensable recomposition de la gauche en France. En nous fixant cet objectif, nous nous inscrivons dans la forte tradition du mouvement associatif et des clubs, qui a marqué l’histoire de la République comme celle de la gauche. Lorsque les structures organisationnelles de celle-ci se sont montrées incapables de répondre aux exigences de la période, ils ont constitué de puissants relais des aspirations populaires et des laboratoires d’idées. Ils ont joué un rôle décisif dans toutes les reconquêtes de la gauche et ont souvent permis d’éviter que soient confondus rénovation et renoncement.

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