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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Mieux connaître Thomas Pesquet

Publié le 4 Mai 2021 par Paul Quilès in Cordes sur Ciel, Espace

Mieux connaître Thomas Pesquet

Interview publiée aujourd'hui dans le Tarn Libre

En 2017, Paul Quilès, maire de Cordes-sur-Ciel pendant 25 ans et ex-ministre de l’Espace a invité les deux astronautes Thomas Pesquet et Léopold Eyharts pour la 6e édition de la manifestation "Ciel sur Cordes" .

Paul Quilès, homme de passion, se confie à Sylvie Lecoules.

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Comment avez-vous persuadé Thomas Pesquet de venir à Cordes ?
Ayant été ministre de l'Espace pendant quatre ans, et passionné par ces sujets depuis très longtemps, je trouvais que ce personnage méritait d'être associé à la manifestation "Le ciel sur Cordes". J'ai obtenu sa visite par l'intermédiaire de mon ancien collaborateur et ami Jean-Yves Le Gall, alors Président du CNES qui était en liaison avec lui lors de sa première mission dans l'espace. Le 13 janvier 2017, j'adressais donc une lettre à Thomas Pesquet, qui se trouvait à bord de la Station spatiale internationale, pour l'inviter à la 6e édition de la manifestation "Le ciel sur Cordes".


Quelles sont les principaux atouts de l'astronaute ?
Il a fait connaître son métier, qui est pour lui une passion. Thomas est un grand communicateur moderne, plus jeune que la moyenne de ceux qui s'intéressent à cette question professionnellement. Il a introduit les méthodes modernes de communication sur son activité, en utilisant les réseaux sociaux. Il fait de bonnes présentations, il parle bien et, en plus, il est sympathique... Lorsqu'il était dans l'espace, il transmettait énormément de photos prises par lui-même et les gens se sentaient associés à son voyage. C'est un vrai « plus », et je crois que dans cette nouvelle mission, il en remet une couche... les gens ont le sentiment d'être partie prenante. Je suis étonné de l'intérêt extraordinaire qui s'est manifesté au moment du lancement. J'ai eu l'impression que d'un seul coup, la France entière s'arrêtait de respirer. Une fois le module raccroché à la Station internationale (l’ISS), Thomas Pesquet deviendra chef de mission. C'est la première fois pour un Européen et je crois que les Français en sont fiers.


Quelles sont ses qualités ?
Malgré son âge, il a une belle expérience, notamment du fait de sa sortie réussie dans l'espace lors de son précédent vol. C'est un battant, avec l'envie de réussir chevillée au corps. Il sait où il va, il sait travailler en coordination avec des équipes. Son action pour aider au développement des activités spatiales et mieux faire connaître leur importance n'a rien d’une aventure individuelle. Les décideurs, sources de financement, sont obligés de tenir compte de cette conviction, de cette impression maintenant ancrée dans la tête des Français. Et pas seulement des Français d'ailleurs, puisque sa popularité s'est installée bien au-delà de la France. Il a été choisi comme « patron de l’ISS » parce qu'il est doté de ces qualités. Il est adapté à ce type de mission très difficile, qui comporte un nombre considérable d'expériences à mener.


Avez-vous une anecdote à nous relater à son sujet ?
Je ne peux m’empêcher de me remémorer la belle soirée d’été du 26 juillet 2017 où Thomas Pesquet a fait vibrer les 2000 participants rassemblés sur le stade de Cordes. Il faisait beau, le ciel était très étoilé et soudain, en quittant la tribune, il s’est exclamé "regardez, l'ISS est en train de passer dans le ciel". C'était un peu miraculeux, on avait passé toute la soirée à parler de spatial… et voilà que la station internationale (dont il deviendra le patron quatre ans plus tard) venait en quelque sorte le saluer ! 


En quoi le spatial est-il indispensable ?
Dépenser de l'argent pour l'espace c'est dépenser de l'argent pour la vie sociale, la vie économique, la vie quotidienne de la planète. Une journée sans le spatial serait une journée épouvantable en nous privant de tous les moyens de communication et de connaissance de la vie sur terre par des centaines de satellites en orbite. C'est une partie intégrante de la vie quotidienne sur terre aujourd'hui !


En tant que ministre de l'Espace, cela vous dérange-t-il que ce soit un vol privé ?
Tous les moyens sont bons pour développer l'espace. Elon Musk est un personnage très particulier qui exploite largement sa grande fortune pour l’utiliser intelligemment. L'espace est en train de s'internationaliser, ce qui ne veut pas dire que la concurrence est éradiquée. Ce qui me gênerait par contre, c’est que la partie financière prenne le devant de la scène, faisant oublier l'intérêt indispensable de l'espace pour l'humanité de ce début de XXIe siècle.


Comprenez-vous les doutes sur l'implication de la France ?
Ceux qui doutent de l'implication de la France et même de l'Europe doivent regarder de plus près la réalité. Evidemment, on ne peut pas dépenser les mêmes sommes que les Américains, mais on est très présent par la recherche, par les lancements, par la participation à différentes missions. Il faut regarder ce que la France accomplit et je me félicite que les décideurs politiques soient moins timorés qu’à l’époque où j'étais ministre de l'Espace. 


Avez-vous déjà rêvé d’aller dans l'espace, vous qui avez fait du parachutisme ?
J’imagine ce que doit représenter une sortie extra véhiculaire, mais franchement je n’en ai jamais rêvé ! Pendant les quatre ans où j’ai occupé la fonction de ministre de l’Espace, ce qui m'importait, ce n'était pas de rêver mais de faire. Rêver signifie penser à un moment donné à quelque chose d'impossible. Je voulais du concret, je voulais que l'espace soit considéré comme une matière politique et que les décideurs soient convaincus de la nécessité de mettre de l'agent comme je le proposais pour lancer des fusées, mettre des satellites en orbite, développer de nouvelles technologies. Etant de formation scientifique, c'est toujours ce que je me suis efforcé de faire comprendre. Les scientifiques sont là pour analyser et conseiller les politiques, qui doivent prendre leurs responsabilités. C'est ce que j’ai tenté de faire lorsque j'étais ministre de l'Espace, et le rêve m'aurait empêché d'agir.

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