Vous avez certainement noté comme moi le grand désarroi de nos compatriotes devant le flot d’informations de toutes natures et parfois contradictoires, de mises en garde, de débats souvent confus, de polémiques, de prévisions, dont ils sont abreuvés depuis le début du confinement.
Le monde est en souffrance, mais ce que nous subissons dans nos pays développés est peu de chose en comparaison de ce que ne manqueront pas d’endurer de très nombreux pays sur les cinq continents. Je pense par exemple à la crise sanitaire colossale qui s’annonce en Afghanistan, avec les flots de réfugiés qui reviennent d’Iran (62 000 entre le 15 et le 21 mars), à la situation tragique de la bande de Gaza, à la catastrophe humanitaire sans précédent qui menace les pays africains qui commencent à être atteints par la pandémie (souvent pas d’eau courante, un système sanitaire rudimentaire, un mode de vie incompatible avec l’idée même de confinement…)
Il va falloir naturellement essayer de comprendre les raisons de l’impréparation des dirigeants et des sociétés devant une telle pandémie.
- Voir la prévision de Bill Gates il y a 5 ans
- Se souvenir de la « grippe espagnole » de 1918 (50 millions de morts)
En France, cette impréparation s’est traduite par le manque de masques, de vêtements de protection, de kits pour tests de contamination, de respirateurs à oxygène, de lits de soins intensifs… Mais il est trop tôt pour faire sereinement ce travail aujourd’hui, compte tenu du climat angoissé dans lequel nous baignons.
Il va falloir aussi nous préparer à une réflexion sur ce que j’appelle « le « monde qui vient », qui risque d’être profondément affecté par les dégâts liés à cette pandémie : remise en question du modèle économique, des priorités, du rôle de l’Etat (le retour de « l’Etat providence » ?), du fonctionnement même de la démocratie (pour les pays qui ont la chance d’en bénéficier)
En attendant, il faut se féliciter des signes de solidarité au sein de la société française qui se multiplient, au sein des familles, entre voisins, entre générations ainsi qu’à l’égard du système de santé et des soignants. J’apprécie beaucoup à cet égard les applaudissements à 20 h aux fenêtres des villes, qui expriment, de façon moins superficielle qu'on le croit, leur envie de lien social.
Pour terminer, je regrette que les médias se soient montrés aussi discrets sur cette information : « l’ONU, qui avait lancé un appel à arrêter les combats face au Covid-19, a salué la proclamation de cessez-le feu aux Philippines, au Cameroun, au Yémen et en Syrie. ». Il n’est pas si fréquent qu’un appel de l’ONU à la paix soit suivi d’effet !