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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

La révolte des "Gilets jaunes"

Publié le 2 Décembre 2018 par Paul Quilès in Politique française

La révolte des "Gilets jaunes"

     Je viens d’éteindre la télévision, après plusieurs heures passées à écouter le flot des commentaires répétitifs sur fond d’images de commerces saccagés et de voitures incendiées.

    Je ne sais pas sur quoi débouchera le mouvement des "Gilets jaunes", qui bouscule les habitudes de la vie politique et sociale de notre pays. Personne ne l’avait vu venir, n’en déplaise à tous ceux qui s’efforcent, avec plus ou moins de bonheur, de le récupérer.

     Plutôt que d’épiloguer sans fin sur « ce qu’il faudrait faire » ou « ne pas faire », je préfère dans l’immédiat essayer de comprendre pourquoi ce mouvement s’est développé.

     On peut se référer à l’Histoire et évoquer les grandes luttes sociales de l’Ancien Régime, comme l’explique Gérard Noiriel dans ce texte.

    On peut aussi analyser la « crise du système politique », comme le fait Gérard Grunberg dans cette tribune.

    Pour ma part, j’insisterai sur ce qui me semble être une raison forte du déclenchement de ce mouvement : la perte de crédibilité des corps intermédiaires (partis politiques, élus nationaux et locaux, syndicats, associations), causée par le désintérêt – et parfois le mépris- du pouvoir central à leur égard. Il en est résulté, chez les catégories populaires notamment, le sentiment d’être oubliées et, en tout cas, de ne pas être entendues dans l’expression de leurs attentes et de leurs souffrances.

     Cette situation résulte aussi plus fondamentalement du fonctionnement de la Vème République, qui a instauré une mécanique implacable faisant tout remonter au Président de la République :

“Le pouvoir procède directement du peuple, ce qui implique que le chef d’Etat élu par la Nation en soit la source et le détenteur. Il doit être évidemment entendu que l’autorité indivisible de l’Etat est confiée tout entière au Président par le peuple et qu’il n’en existe aucune autre, ni ministérielle, ni civile, ni militaire, ni judiciaire qui ne soit conférée et maintenue par lui. Il lui appartient d’ajuster le domaine suprême qui lui est propre avec ceux dont il attribue la gestion à d’autres.” (Général de Gaulle- 31 janvier 1964)

     Ce caractère quasi-monarchique s’est même trouvé accentué depuis 2002 par la mise en œuvre de la double décision, prise en 2000, d'instaurer le quinquennat et d'inverser le calendrier électoral

   Il serait temps de réfléchir à la nécessaire évolution d’un système institutionnel qui a certainement contribué à la révolte des "Gilets jaunes".

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C
En termes institutionnels, c'est aussi le Projeeeeet (du 1%) qu'il faut repenser, à l'occasion de la gilet-jaunisse ! Quel est donc ce carcan 'démocratique' qui a permis que s'enrichissent encore les actionnaires et les marchands d'armes, au détriment des maternités, des facs, de la recherche publique ? <br /> Quant au caractère quasi monarchique de la V°, il est bien dénoncé par les gilets jaunes. Sous la forme populiste, ça donne naturellement « Macron, démission » puisque le quasi roi déçoit. <br /> Autre cible du ras-le-bol, que vous pointez aussi : les corps intermédiaires affaiblis dans leurs interventions et dans leurs discours. Là aussi, les séditieux rejettent des structures inaptes à les représenter et à les défendre. Certains croient encore à Marine « on l'a pas essayée », mais tous en ont soupé des manifs ratées et des élections piège à cons ! <br /> Mais il ne faudrait pas ignorer leur refus initial de la dégringolade socio économique par laquelle les élites nous assignent un rôle de subalternes voire d'esclaves, nous ôtent l'espoir d'une vie correcte, nous confisquent confort et services publics, éducation et énergie, liberté et dignité. Bizarrement, le lien n'est pas fait par le mouvement des gilets jaunes entre la discrimination qui s'aggrave ici et le sort réservé depuis des années aux autres insoumis à travers la planète : Cuba, Irak, Lybie, Grèce Palestine etc. ne se sont-ils pas faits écarter de la prospérité par un processus malthusien / eugéniste ? Le complot capitaliste paraît viser, au-delà de la seule spoliation des masses, leur éradication ; en effet, sans se soucier d'écologie plus ou moins durable, la Terre supporterait longtemps et sans s'épuiser quelques millions de consommateurs gloutons mais exclusifs (« our way of life » selon Deubeliou), quand 10 ou 20 milliards la détruiront à coup sûr. Aussi Schengen et le mur San Diego-El Paso-Rio Grande anticipent-ils les migrants climatiques, nous préparant apparemment à un ample massacre de bouches inutiles mais menaçantes.
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J
Certainement, faut-il réfléchir à l'évolution de notre système institutionnel. Plus urgemment, il convient de réfléchir à une sortie rapide de la crise actuelle.<br /> Nous souhaitons avec, me semble-t-il, raison, un sytème éducatif toujours amélioré, un sevice hospitalier de qualité, une défense nationale performante, une sécurité mieux assurée, une justice aux moyens accrus et, en même temps, certains mettent le pays à feu et à sang pour une taxation jugée à raison excessive des carburants !<br /> Qui paiera l'addition des destructions intervenues depuis trois semaines ? Que se passera-t-il si dans les prochains mois certains commerçants ou petits entrepreneurs sont contraints au dépôt de bilan ? <br /> A-t-on le droit, quelle que soit la légitimité de certaines revendications, de profaner une tombe, d'incendier des immeubles, de saccager notre capitale ?<br /> Il est dommage que nombre de "gilets jaunes" ne soient pas allés voir ce qui se passe ailleurs, y compris en Europe. Cela leur aurait permis de mesurer le niveau de protection sociale dont ils bénéficient au quotidien et de "réfléchir" sur les moyens utilisés pour se faire entendre.<br /> Ce n'est que dans un climat apaisé que, lorsque chacun aura retrouvé ses esprits, l'on pourra utilement et sereinement aborder la question des institutions. Amitiés. Jean
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C
Bonjour Paul Quiles, très heureux de lire votre dernier article ; enfin quelqu'un qui pense comme moi. Je dois avouer qu'en 1958 (j'avais 17 ans), avec quelques copains, nous arrachions les affiches du OUI au référendum. J'ai aussi été très déçu en 2002 par l'instauration du quinquennat et la modification du calendrier électoral. Doit-on espérer une 6ème république ?
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