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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Peut-on éviter la catastrophe climatique ?

Publié le 15 Octobre 2018 par Paul Quilès in Energie et environnement

Avec Haroun Tazieff et Alain Bombard

Avec Haroun Tazieff et Alain Bombard

La publication d'un rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) en début de semaine a une nouvelle fois rappelé les risques auxquels s'exposent la planète et les générations à venir si la population mondiale ne revoit pas ses modes de vie et n'engage pas de considérables transformations.

Nous sommes abreuvés de données et d’analyses sur le changement climatique pour nous convaincre d’agir, mais cela n'a pas toujours été le cas dans le passé. Je me souviens par exemple du scepticisme avec lequel ont été reçues en 1979 les prophéties du vulcanologue Haroun Tazieff (voir cette émission d’Antenne 2 )

Je l’ai bien connu, puisque nous avons créé avec un autre ami, le célèbre navigateur Alain Bombard, une des premières associations dédiées au développement des "énergies nouvelles". L’écoute politique était malheureusement faible sur ces sujets à cette époque très favorable au "tout nucléaire".

On verra par exemple sur cette courte vidéo comment, le 9 avril 1981, j’ai convaincu François Mitterrand d’abandonner le projet délirant d’implantation d’une centrale nucléaire à Plogoff 

Aujourd’hui, la tendance est au pessimisme absolu, comme en témoigne cette chronique de Stéphane Foucart dans le Monde du 13 octobre, dont voici un extrait :

C’est, à nouveau, le rapport de la « dernière chance ».

Lundi 8 octobre, les experts du climat ont rendu une nouvelle somme sur la dérive climatique avec, comme sujet imposé par la communauté internationale, le seuil de 1,5 °C de réchauffement. Est-il encore possible de maintenir le climat terrestre sous cette barre qui se rapproche dangereusement ? La fameuse « dernière chance » est-elle, en réalité, désormais derrière nous ?

Dans sa communication, le GIEC a décidé de maintenir vif l’espoir d’un endiguement du problème et de ses conséquences les plus désastreuses : au prix d’un sursaut international, dit le GIEC, il est encore possible de demeurer sous le seuil des 1,5 °C d’élévation de la température moyenne, par rapport aux niveaux préindustriels. Il faudrait une transition sans précédent, bien sûr, mais l’objectif ne serait pas hors de portée.

Un régime autoritaire global

Pour le sociologue et politiste Stefan Aykut, professeur assistant à l’université de Hambourg (Allemagne) et observateur affûté du théâtre de la diplomatie climatique, coauteur avec Amy Dahan de Gouverner le climat ? (Presses de Sciences Po, 2015), ce discours met les scientifiques dans une situation singulièrement inconfortable. "Pour ne pas apparaître comme ceux qui ont tué l’espoir, les scientifiques présentent des scénarios dont certains incluent des notions d’émissions négatives, c’est-à-dire l’éventualité que nous parvenions à retirer du carbone de l’atmosphère, ce qui repose sur des paris technologiques incertains, dit-il. Ensuite, lorsqu’on regarde la vitesse avec laquelle les émissions doivent décroître pour maintenir le climat sous le seuil de 1,5 °C, on voit que l’exercice est complètement déconnecté des réalités politiques et économiques du monde."

Les démocraties de marché ne sont pas adaptées aux transitions radicales. (….)

Malgré cette vision pessimiste, certains groupes de scientifiques espèrent convaincre qu’une voie est possible pour éviter la catastrophe qu’on nous promet.

Voici l’intéressant point de vue de l’association négaWatt * au lendemain de la publication du rapport du GIEC :

L’urgence d’une politique de sobriété énergétique

Le rapport spécial du GIEC publié hier le confirme : la stratégie la plus sûre permettant de lutter contre les dérèglements climatiques incontrôlés repose notamment sur la sobriété. Mal comprise par certains, dénigrée par d’autres, oubliée des politiques publiques, son intérêt, ses ressorts et les nombreux bénéfices qu’elle procure méritent d’être mieux explicités. C’est l’objectif que se fixe l’Association négaWatt en publiant aujourd’hui un nouveau document. L’occasion de lancer un appel aux pouvoirs publics à engager une vraie politique de sobriété pour construire une société plus juste et plus durable.

Un impératif pour le climat et pour les ressources

En France comme ailleurs, ni la consommation d’énergie, ni les émissions de CO2 ne diminuent de manière suffisante pour nous mettre sur la bonne trajectoire. L’absence de sobriété en est l’une des causes : nos voitures et nos frigos sont de plus en plus performants, mais nous parcourons toujours plus de kilomètres et achetons des frigos toujours plus grands. En constante augmentation, la surface chauffée par personne (logements, bureaux, commerces et équipement) va elle aussi dans le mauvais sens. Les efforts d’efficacité énergétique doivent évidemment être renforcés, mais ils ne seront pas suffisants en l’absence de politiques publiques volontaristes de sobriété énergétique. Celle-ci reste trop souvent absente des réflexions actuelles. Par exemple, la prochaine Stratégie nationale bas-carbone prévoit une augmentation de 40 % du transport de marchandises (en tonnes.km) entre aujourd’hui et 2050. Ce n’est plus tenable, il est impératif d’inverser les tendances.

Le scénario négaWatt est à ce jour le seul en France à atteindre la neutralité carbone, et à être ainsi compatible avec l’objectif 1,5°C. À travers cet exercice, la sobriété énergétique apparaît comme une étape incontournable d’une démarche de soutenabilité.

Une démarche individuelle et collective

La sobriété énergétique ne saurait se résumer aux seuls éco-gestes individuels : il revient à la collectivité dans son ensemble de mettre en place les conditions permettant à tout un chacun d’être plus sobre, à commencer par la non-incitation à consommer toujours plus et par la mise en place de solutions favorisant la sobriété. Pour cela les politiques publiques ont un rôle majeur à jouer. Répondre à la nécessité de réduire l’utilisation de la voiture ou du camion impose de construire des infrastructures dédiées aux modes alternatifs, mais aussi de s’inscrire dans une politique globale de réduction de la demande d’énergie pouvant aller de la promotion du télétravail à l’allongement de la durée de vie des biens d’équipement afin de limiter le transport de marchandises.

Le document publié aujourd’hui présente les principales hypothèses de sobriété retenues dans le scénario négaWatt, et propose plusieurs mesures clés à mettre en place dès maintenant. Comme elle le fait depuis plus de quinze ans, notre association continuera à agir auprès des pouvoirs publics pour qu’ils se saisissent enfin de cet indispensable levier d’action, et ce dès les prochaines éditions de la Programmation pluriannuelle de l’énergie et Stratégie nationale bas-carbone.

* L'Association négaWatt a été créée en 2001 par des experts et praticiens de l'énergie convaincus qu’un autre modèle énergétique est non seulement réalisable sur le plan technique, mais aussi souhaitable pour la société. Elle s'appuie aujourd'hui sur un réseau de plus de 1200 adhérents. www.negaWatt.org - 06 64 52 63 42 - contact@negawatt.org

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