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Le blog de Paul Quilès

Réflexions et informations sur la paix et le désarmement nucléaire, sur la démocratie et sur l'actualité politique.

Déchéance…

Publié le 26 Décembre 2015 par Paul Quilès in Politique française

Déchéance…

     Déchéance: que ce mot est laid ! Quelle que soit son utilisation, il suggère, d’après le dictionnaire,  la dégradation, l’abaissement, la décrépitude….On n’en parlait pas beaucoup jusqu’ici, alors que la déchéance de nationalité existe dans notre arsenal judiciaire, pour certains cas bien limités. L’inscrire dans la Constitution pour les binationaux nés en France et coupables d’actes de terrorisme créerait de facto deux catégories de citoyens français.

 

     Il est donc compréhensible que la décision du Président de la République interpelle tous ceux qui se demandent pourquoi celui-ci, élu par une majorité de voix de gauche, vient contredire avec cette mesure une valeur –le droit du sol- qui fait partie de l’ADN de la gauche.

 

      Ils ne comprennent pas pourquoi il prend le risque de donner des gages à ceux qui, à l’extrême droite et même à droite, n’hésitent jamais à pousser à la division des Français et qui, depuis quelques jours, applaudissent bruyamment l’annonce présidentielle.

 

      Nombre de Français, sensibles à l’appel, réitéré à la suite des récents attentats, à la défense de la République, ne comprennent pas non plus cette attaque contre un de ses symboles.

 

     Alors, pourquoi une telle décision ? A-t-on besoin de la menace de déchéance de la nationalité française pour dissuader un terroriste de perpétrer un attentat ? Personne ne le croit un seul instant, pas plus l’initiateur du projet que les spécialistes de l’anti-terrorisme ou simplement les citoyens dotés de bon sens. D’autres mesures, autrement plus efficaces, sont indispensables ; elles concernent le renseignement, les forces de sécurité, la coopération internationale, l’attaque du "mal" à la racine….autant de domaines dans lesquels des actions ont justement été entreprises.

 

      Ce constat et ce questionnement conduisent inévitablement à penser qu’au-delà du discours officiel, peu crédible, la décision répond à d’autres considérations, d’une autre nature….. Il pourrait s’agir de contraindre les parlementaires de gauche à voter positivement au Congrès de Versailles (où la majorité des 3/5èmes est requise), sous la menace d’un référendum. Cette opération ne serait pas sans risque, car l’opposition ne se priverait pas d’en dénoncer le caractère tactique.

 

      Et, si l’objectif était –ce que certains commentateurs suggèrent- une tentative de "triangulation" en vue de la prochaine élection présidentielle, il ne faudrait pas oublier que « les électeurs préfèrent l’original à la copie ». Attention, jeu dangereux !

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B
Qui a dit naguère ceci et fait ensuite son contraire ? Vieille question dont on peut penser qu’elle est d’abord d’ordre moral. La réponse porte un nom : la duplicité dont des synonymes, d’après le Robert, sont la fausseté et l’hypocrisie.<br /> <br /> En politique, les initiés se veulent souvent plus intelligents que les autres. Eux ne sont pas dupes. Ils vous diront que cette activité humaine est un spectacle où la communication est le maître mot.<br /> La croyance dans les promesses ne les concerne pas. Elle est ramenée au rang d’une naïveté pour ceux dont les neurones ne se sont pas multipliés ou n’ont pas effectué les bonnes connexions. Pour illustration, c’est un ancien président de la République qui pose au journaliste la question suivante le 21 septembre 2014 sur France 2 : "est-ce que vous me prêtez deux neurones d'intelligence ?" Tout bien considéré, c’est peu mais c’est déjà beaucoup par rapport à ce qui est concédé au citoyen lambda.<br /> <br /> Comment ne pas comprendre ces jeunes gens rencontrés ici ou là, qui affirment leur dégoût de la politique, ou pire leur indifférence ? Ils peuvent éprouver les sentiments que cette activité est non seulement impuissante mais non fiable. Ils peuvent faire part de leur incompréhension relative à des débats contradictoires dont ils ne saisissent pas l’enjeu si, au bout du compte, « c’est pareil », « la gauche fait comme la droite ».<br /> <br /> Bon, le fond maintenant : il est imaginable de changer d’attitude lorsque les événements le commandent. Or, nous ne sommes pas dans cette situation qui prescrit au contraire de réaffirmer les valeurs de la République, surtout quand elles ont été défendues par la gauche depuis la Révolution.<br /> <br /> Qui donc est en train de donner une leçon à la France ? Qui eut cru que la chancelière Angela Merkel, pourtant issue de la droitière CDU et menant une politique socio-économique intérieure et extérieure si contestable, ferait montre d’un courage insoupçonné face à la résurgence de la xénophobie et de la haine ? Qui eut cru que Sa Sainteté pourrait un jour afficher des orientations plus progressistes en matière sociale et écologique que ceux qui se prétendent novateurs de ce côté-ci des Alpes ?<br /> <br /> En France, poursuivre dans la voie actuelle des reniements, c’est sacrifier l’essentiel à la quête effrénée des voix de ceux qui ne veulent ou ne peuvent voir que le premier degré des tragédies actuelles. Et d’y réagir sans une réflexion minimale. Une aubaine pour les ennemis de notre pays et pour les adversaires de la démocratie et de la laïcité.<br /> Il est donc urgent de se ressaisir et de recomposer une force de gauche renouvelée, transparente, sincère, sans langue de bois, sans arrivisme, sans électoralisme, sans compromis incessants avec le néolibéralisme, affichant sans faillir sa préoccupation pour les plus faibles.
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A
En 2012 j'ai voté, au deuxième tour, pour un "Président normal". Premier résultat : une année consacrée toute affaire cessante au "mariage pour tous". La nécessaire réforme des retraites n'a été abordée que lors de la seconde année du quinquennat. Abordée seulement car elle reste toujours à faire ! Et aujourd'hui c'est un coup tordu qui se prépare avec cette déchéance de nationalité.
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B
Je suis d'accord avec vous et je suis content de voir que vous avez eu le courage de le dire ouvertement.<br /> La gauche a toujours du pain sur la planche!<br /> Cordialement
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M
Excellent! Tout à fait d'accord avec vous! Insupportable, cette création de deux catégories de Français!
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