Interview de Paul Quilès
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La question de la pertinence des dépenses consacrées au nucléaire militaire ne doit pas dépendre fondamentalement de considérations budgétaires mais d’une analyse politique des besoins de sécurité.
De ce point de vue, il n’apparaît pas urgent, dans la situation stratégique actuelle, d’entreprendre un renouvellement complet des systèmes de la dissuasion. De plus, cela est en contradiction avec les engagements de la France, signataire du TNP (Traité de non-prolifération).
On estime à un montant de 5 à 600 millions d’euros le coût des modernisations (missiles, têtes nucléaires), montant qui pourrait être économisé en 2014 si l’on décidait de simplement maintenir en l’état l’outil de dissuasion.
A compter de 2015, le renouvellement des composantes sous-marine et aérienne de la dissuasion (à l’horizon 2030) sera de l'ordre de 2 milliards d’euros par an.
Compte tenu des besoins en termes de projection des forces mais aussi de renseignement (drones, satellites), il serait plus utile à la sécurité de la France et de l’Europe de transférer sur ces programmes les crédits consacrés à la modernisation de la dissuasion.
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* Précisions: - les SNLE (Sous-marins nucléaires lanceurs d'engin) sont actuellement équipés de missiles M 51 et non de M 51-2, qui sont en cours de fabrication;
- la disuasion nucléaire française comprend 2 composantes: maritime et aérienne. La composante terrestre a été démantelée dans les années 90.